• Junk DNA [004]

    Episode 4 d'un feuilleton expérimental pour lectrices et lecteurs égarés dans le temps, mais qui tentent de se retrouver. Le parlé-des-oiseaux et l'imagination comme passe-partout. Un carnet d'odyssée borderline, qui épanouie l'esprit et joue avec la langue. Xénophobe, ignoble idolâtre de la forme, viens te faire démouler ! Une bande son est disponible gratuitement ici http://petitlien.fr/junkdna

    I. Chevauchant les Anamorphes au-delà de la vitesse de la lumière.

     

    Pieds nus, martelant l'asphalte, les chaussures à la main. Sans pouvoir me souvenir quand exactement cela avait commencé. La gorge saturée par le goût de sang qui advient quand on demande aux poumons un effort surhumain prolongé. Le corps entier vibrant comme prêt à exploser . Trois ou quatre jours au moins que je marchais sans m'arrêter, suivant de mon mieux les indications transmises par les signes. Comme si c'était un nouvelle forme de vie. Cela faisait longtemps que j'avais dépassé le moment où au-delà de mes limites d'énergie mon cerveau décollait doucement telle une méduse qui prend son envol confondant l'air et l’océan.

     

    Même sans les Anamorphes je serai dans un état terrible. Pourtant loin de ralentir j’accélérai constamment. Là ou les renforts de mes chaussures avaient frottés les ampoules éclatées avaient laisser mes pieds en sang. Sur l'affichage LED d'une vitrine j'avais aperçu qu'il ne me restait que quelques minutes. Je manquais cruellement d'eau, mais j'allais toujours plus vite. La haut sur l'horloge de la cathédrale minuit trente était passé depuis un bon quart d'heure et toujours pas de bouche d'entrée de métro. Même s'il était un peu en retard le dernier métro devais être déjà parti. Redoutant de l'entendre filer au loin dans le tunnel quand j'arriverais, je continuai de courir plus vite encore.

     

    Je ne sais pas si ce sont la lecture des signes qui me l'avait révélé où cette voix dans ma tête qui tentait désespérément de m'aider. Mais je savais que si je parvenais à accélérer encore je finirai par créer une singularité. Mon corps n'étais plus qu'un concept insensé, la douleur avait chassé mon esprit, il ne restait qu'une sorte de pulsation nerveuse accordée au rythme de ma volonté, qui ressuscitait chaque instant depuis une éternité, battement fou qui se mêlait à l'implacable martèlement de mes pieds.

     

    En suspend d'un point de l'espace à un autre, ma respiration s'étirant indéfiniment, je sens affleurer la prochaine étape, je plonge sur ma droite dans le refuge d'une cabine de toilettes publiques. Je sais qu'à l’intérieur je ne suis pas décelable par le mécanisme, c'est à dire que si je rentre dedans cela n'affectera pas l’accélération nécessaire au miracle. A peine l'entrée franchise j'angoisse, espérant que ce n’était pas un piège pour me faire échouer. Ce qui flotte dans mes pensées à ce moment là ne peut pas être transcrit. Il y a un effet bizarre, une sorte d’écho qui devient comme une fleur de lotus s'épanouissant, la raison n'a plus lieu d'être, je sens une transformation en œuvre en moi et à l’extérieur. Intimement je sais qu'un anamorphe à manger ma pomme.

     

     

    Je sors courant comme si je ne m'étais pas arrêter, me raccrochant à mon exacte trajectoire. Presque aussitôt dans le flux dilaté du temps je vois l'escalier qui descend dans le métro, je vole littéralement, posant à peine mes pieds sur les arrêtes des marches. En bas sur le panneau d'affichage, il n'est pas encore minuit. Je sais que ce n'est pas possible, pourtant j'ai la certitude que je viens de remonter une heure dans le temps.

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