• Junk DNA [006]

    Episode 6 d'un feuilleton expérimental pour lectrices et lecteurs indignés et qui envisagent la désobéissance civile comme solution. Le parler-vrai et l'insubordination comme garde-fou. Un carnet de route, qui prend le pouls d'une civilisation en fin de vie . Xénophobe, immonde apôtre du dogme, tu casses mes libertés ! Une bande son est disponible gratuitement ici http://petitlien.fr/junkdna

    II. A l'article de la mort.

    Dans la rame du métro, je m'affale, les gens me regardent un peu de travers. Je reste dans mon coin, au bout, assis sur le sol, les jambes étendues. Un personne s'approche même pour me demander si ça va. Je la rassure comme je peux. Je prétend juste avoir une bonne fièvre. C'est vrai que je dois avoir une tête impressionnante, avec ma barbe drue, mes cheveux fous et mes yeux brûlants. Deux arrêts plus loin, deux gars en uniforme entrent dans la rame et me demandent de sortir sur le quai.

     

    - Pourquoi ? J'ai rien fait. J'ai bien passé ma carte. Je leur tend ma carte comme preuve de ma bonne foi, mais ils insistent.

    - Non, je peux pas, après je risque de rester bloqué, de plus avoir de métro pour pouvoir rentrer.

    - Quelqu'un a téléphoné. On doit juste s'assurer que vous allez bien, venez.

    - Oui et bien ça va très bien, j'ai pas besoin de sortir de la rame.

    Dans la rame, plongés dans leur cellulaire, la plupart des gens font mine de ne pas voir ce qui se déroule sous leur yeux.

     

    - Si vous préférez on peut aussi vous emmener au poste ?

    - Nan met ça va pas ? Vous arrêtez ! Je suis épuisé, je veux juste rentrer chez moi.

    - Allez dépêche toi ! On n'a pas que ça à faire.

    Le second qui est un peu en retrait crispe sa main sur son Tazer histoire de me faire comprendre de ne pas résister.

     

    - Bon d'accord, si tu le prends comme ça, tu vas venir nous montrer tes papiers...

    Ils m'agrippent chacun par un bras pour me traîner de force hors de la rame.

    Même si en théorie je suis en règle, je reste un immigré, un sous citoyen, du coup j'ai la peur qui me tord les boyaux.

    En plus leur réaction me parait excessive, je me demande si ce n'est pas une conséquence de mon "miracle" de tout à l'heure.

     

    Sur le quai, avec le stress je galère pour trouver mon passeport dans les poches de ma parka.

    Je leur donne enfin. Pendant que l'autre transmet mon identité à leur QG, le plus excité continue de s'acharner et me fait vider entièrement toutes mes poches, sans doute histoire d'être sûr que je rate le prochain métro.

    - Nietchevo c'est de quelle origine ? Tu carburerais pas au krokodile ou aux anamorphes ?

    - Quoi ?

     

    - Les gars comme toi on les connaît, aucune éducation, tu crois que c'est correcte de se vautrer comme ça par terre?

    - C'est abusé, je gênais personne. Je vous ai dit je suis malade et je savais pas que c'était interdit de s'allonger. Je l'aurais pas fait sinon.

    Déjà que je n'en menais pas large en attendant la réponse du QG, il faut que ce connard se sente obligé d'essayé de me faire craquer.

    Si ça dégénère, je ne connais même pas le numéro de téléphone de mes colocataires.

     

    Heureusement l'autre revient et dit à son collègue que je suis bien en règle.

    - Je vous l'avais bien dit... Super et maintenant je vais faire comment pour rentrer ?

    - Ecoute nous autre on fait que notre job, tu peux t'en prendre qu'à toi mon gars.

    Je comprends, j'en ai pas après vous, c'est juste cette société de flippés que je supporte plus et surtout les vrais responsables ces politiciens qui maintiennent la population dans la terreur. Mais sérieusement vous croyez que c'est votre job de mettre la pression à des personnes innocentes ?

     

    Je m'apprête à partir, mais l'autre énervé m'apostrophe encore. On dirait qu'il n'a pas apprécié ma dernière remarque, il insiste pour me forcer à dire que je ne me rallongerai pas.

    - Mais je vous ai déjà dis que si j'avais su je ne me serai pas allongé.

    - Tu comprends pas ? Tu dis que tu ne te rallongeras pas ou on te laisse pas repartir.

    - Oui... d'accord je ne me rallongerai pas.

    Je te préviens joue pas au plus malin où les opérateurs des cameras de surveillance vont t'envoyer une autre patrouille.

    C'est bon j'ai eu mon compte... j'évite de répondre.

    Quand ils finissent par me foutre la paix, je suis encore en état de choc, pas qu'ils aient été si violent que ça, c'est juste l'oppression généralisée : on dirait qu'il y a nulle part pour être à l'abris de l'arbitraire des chiens du pouvoir.

     

    Je vais voir le panneau d'affichage. Coup de chance dans mon malheur, il reste encore un métro qui passe dans 12 minutes.

    J'essaye de trouver un espace qui ne soit pas balayé par ces saletés de caméras pour me poser. Je murmure : "dans tes rêves..." comme pour me répondre à moi même, puis finalement je me cale sur un banc en attendant. La texture du sol n'a pas l'air constante, c'est comme si une sorte de flux le faisait onduler légèrement.

    En faite, j'ai les yeux qui se trouble sous les larmes d'épuisement, quel monde de merde avec tous ces sadiques en uniforme qui passent leur vie à nous pourrir la vie.

    Je suis complètement claqué, des spasmes d'élancement douloureux me signalent que mes sensations corporelles reviennent.

    Au moins ça m'aide un peu à me retenir de m'endormir.

     

    Quand les portes automatiques s'ouvrent, je m'engouffre rapidement, mon esprit déjà dans le refuge paisible de mon lit.

    Cette fois il y a des sièges de libres, je m'effondre dans le plus proche.

    Je voudrais dormir, mais c'est encore trop tot, si jamais je rate ma station je vais galérer grave.

    Après que le métro est redémarré, le silence qu'il y avait en arrivant, éveille mon attention, je regarde à la ronde et je découvre que la rame est déserte.

    Ce n'est pas courant, même si elle n'est souvent pas bondé comme aux heures de pointes, d'habitude il y a toujours quelques traînards.

     

    Quasi juste devant mon nez sur la vitre au milieu de la rame, mon regard est attiré par un panneau avec du texte défilant qui fait la publicité pour des tests de médocs.

    C'est la première fois que je vois de la pub sur écran LED à l'intérieur d'une rame !

    J’attends que l'info repasse une seconde fois... j'ai du mal à croire en cette aubaine, mais j'ai bien lu correctement :

     

    Le laboratoire propose plus de 5000 dollars pour participer à une étude pour personnes souffrant de dépression !

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